Ronda

Prospère Mérimée, Davillier, le Marquis de Custine, Blanchard, Ernest Hemingway, Orson Welles, García Lorca… La liste de tous les artistes et des intellectuels qui ont rendu hommage à Ronda semble interminable. Rares sont les destinations qui peuvent s’enorgueillir de la beauté, la richesse et la singularité d’une localité déclarée Ensemble historique et artistique voilà plus de 50 ans.

Énumérer les richesses naturelles, architecturales et artistiques de la ville semble une tâche ardue, mais il est plus difficile encore de choisir parmi ses monuments, même si dans l’imaginaire collectif, les deux emblèmes de Ronda sont El Tajo et le Pont Neuf. D’une hauteur atteignant presque 100 mètres l’ouvrage, qui enjambe le fleuve, a été construit au XVIIIe siècle, et ses grands arcs en plein cintre constituent la touche caractéristique de Ronda.

Les peintures rupestres de la Grotte de la Pileta à Benaoján et les restes néolithiques apparus dans la ville de Ronda confirment la présence de l’homme préhistorique sur ce territoire. Les Celtes y établirent leur colonie, appelée Arunda, tandis que les Ibères fondèrent Acinipo, une ville phare à l’époque romaine.

Les Phéniciens, les Grecs et les Carthaginois s’établirent successivement sur ce territoire jusqu’à l’arrivée des Romains, qui baptisèrent Ronda sous le nom de Laurus. Après l’effondrement de l’Empire, ce noyau urbain subit l’assaut des invasions germaniques et connut une période agitée. Le sort d’Acipino fut pire : la ville fut progressivement abandonnée.

Les Arabes baptisèrent Ronda sous le nom d’Izna Rand Onda. À cette époque, la ville connut un certain essor politique et économique. Aux IXe et Xème siècles, la Serranía au grand complet, et en particulier sa capitale, se retrouvèrent mêlée à la rébellion d’Omar Ben Hafsún contre l’Émirat de Cordoue. Une fois la rébellion étouffée, la ville fut soumise au pouvoir califal.

Les Berbères firent de Ronda un royaume de taïfas au XIe siècle. La ville connut un grand développement, mais perdit son indépendance en 1066. Dès lors, elle fut rattachée au royaume de Séville. Durant les quatre siècles suivants, la ville fut gouvernée par différentes tribus d’Afrique du Nord, puis finalement par les Nasrides de Grenade.

Les troupes castillanes conquirent Ronda en 1485. Une étape d’entente entre les musulmans et les chrétiens commença alors, qui prit fin lors de l’éclatement de la rébellion maure. La ville plongea par la suite dans une période de déclin qui allait se prolonger jusqu’au XVIIIe siècle. La création du quartier du Mercadillo, la construction du Puente Nuevo et l’inauguration de ses célèbres Arènes redonnèrent de l’élan à la ville.

Les troupes françaises menées par Joseph Bonaparte occupèrent Ronda en 1810. L’invasion éveilla un esprit guerrier inhabituel dans la Serranía, qui continua après le départ de l’armée napoléonienne. Ce mouvement donna naissance au brigandage et aux bandes de brigands qui inspirèrent tant d’histoires et de légendes.

Ronda entra dans le XXe siècle en jouissant d’un important développement socioéconomique grâce à l’inauguration du chemin de fer et à l’ouverture de quelques routes. La ville accueillit en 1918 le Congrès andalou, à la demande de Blas Infante, considéré comme le père de la patrie andalouse. Lors de cette réunion, le drapeau et le blason de la région furent adoptés.